EGON SCHIELE (1890 - 1918)
-« NU FÉMININ ASSIS » (1914) 48x32 cm.
Graphische Sammlung Albertina - Vienne
Dans un contexte viennois strictement conformiste du début du XX° siècle, allait se manifester un artiste révolté et traumatisé par la mort prématurée de son père syphilitique et rendu à moitié fou.
Ce choc psychologique éprouvé à l’âge de 14 ans aura des conséquences déterminantes sur la démarche artistique de Schiele tout au long de sa carrière.
Un phénomène de rejet de l’environnement conformiste semble alors le hanter et va s’exprimer notamment de manière obsessionnelle au niveau de la sexualité dans la majeure partie de son œuvre.
Plus que par la peinture c’est le dessin, dans lequel il excelle, qu’il va réaliser une œuvre étonnante et souvent controversée ; il passera même quelques semaines en prison sous l’inculpation de pornographie !
Il faut bien constater que ses nus féminins, sont parfois d’une telle hardiesse qu’ils frisent parfois la perversion.
A première vue son « Nu féminin assis » pourrait bien faire partie de cette catégorie, mais sans doute n’est-il en fait que l’expression des fantasmes obsessionnels qui l’envahissent.
Tout son talent de dessinateur est ici manifesté dans un graphisme fébrile et une brutalité provocatrice qui le libèrent de ses pulsions, en exposant ainsi ce corps de femme sans la moindre compassion, mais avec un réalisme saisissant et tout à fait représentatif de l’expressionnisme germanique.
A l’instar de la personnalité de Schiele, ce nu à un caractère « d’écorché vif » en quelque sorte, et révèle un érotisme à fleur de peau mais dénué cependant de toute obscénité, malgré la pause exhibitionniste exposant le pubis, mais aussi grâce au regard laissant subsister une lueur d’espoir manifeste.
Quatre ans après cette œuvre Schiele allait mourir, âgé de 28 ans, emporté par la grippe espagnole, quelques jours seulement après sa femme alors enceinte de six mois.
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