GUSTAVE  MOREAU   (1826 – 1898)

 

        -« SALOMÉ DANSANT DEVANT HÉRODE »   (1876)   92x60 cm.

 

        Collection privée  -  New York

 

« Je ne croix qu’à ce que je ne vois pas et à ce que je sens », telles étaient les propos de Gustave Moreau, qui ceci dit caractérisent parfaitement la majeure partie de son œuvre, basée à partir d’une imagination débordante.

Puisant ses sources d’inspiration dans la Bible ou les grandes mythologies anciennes, grecques en particulier, il a célébré à outrance les passions des héros antiques les plus extravagants avec des débordements de nature obsessionnelle.

« Il voudrait nous faire croire que les Dieux portaient des chaînes de montre » ironisait Degas à son égard !

Mais c’est grâce à cet univers pictural fantasmagorique qu’il est devenu le maître incontesté du Symbolisme, mouvement qui s’est développé vers la fin du XIX° siècle.

Dans ce conteste à la fois étrange et fabuleux, il n’a pas manqué d’exprimer de manière étonnante une misogynie latente et ambiguë résultant d’un problème oedipien mal surmonté ; étant resté jusqu’à l’âge de 58 ans tributaire de sa mère.

Il est fasciné par plusieurs personnages féminins antiques au caractère souvent quelque peu pervers.

L’histoire de Salomé, la princesse juive qui aurait dansé devant Hérode Antipas, alors Tétrarque de Galilée, lui demandant la tête de Jean Baptiste en récompense, lui a permis d’en réaliser une illustration fort évocatrice. Il a exécuté plusieurs versions de ce thème ainsi que de nombreux dessins et études préparatoires.

 

 

 

 

 

Son interprétation la plus célèbre est celle datée de 1876 : » Salomé dansant devant Hérode » aussi nommée « la Salomon tatouée ».

 

Elle résume bien l’univers symbolique du peintre qui expose avec dramatisation la femme castratrice, exprimant ainsi sa fascination en même temps que son aversion envers la gente féminine.

 

Le personnage de face est présenté avec un visage de profil énigmatique à souhait, mais surtout sa nudité charnelle est enveloppée d’un voile transparent sur lequel sont brodé d’étonnantes arabesques placées aux endroits les plus névralgiques, ce qui a pour effet d’intensifier une forme de fabulation mystérieuse et orientaliste.

 

L’inéluctable pouvoir de séduction est par ailleurs symbolisé par la grande fleur de lotus, elle aussi stylisé en esquisse ; Salomé franchit ainsi la vie la fleur à la main dans une pose parfaitement figée.

 

Il est indéniable de constater que le degré de fascination délirant que Moreau peut éprouver pour ce personnage est à la hauteur des fantasmes chimériques avec lesquels il l’a peint.

 

Pour conclure, on peut situer Moreau comme un artiste mystique qui projette son « Moi «  tout en cherchant refuge dans les mythes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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