EDGARD  DEGAS    (1834  -  1917)

 

        -« LA TOILETTE »      (1885)        74X60 cm.

 

        Metropolitan Museum  -  New York

 

 

Degas peintre solitaire dans la grande tourmente du mouvement impressionnisme, dont il est l’un des piliers, a souvent été considéré à plus ou moins juste titre comme un grand misogyne ; il est vrai qu’il ne s’est jamais marié.

Or en 1886 à l’occasion d’une exposition des impressionnistes, il présente une série de dix nus féminins sélectionnés parmi environ soixante pastels sur le même thème, réalisés entre 1880 et 1886, qu’il intitule : « Suite de nus de femmes se baignant, se lavant, se séchant, s’essuyant, ou se faisant peigner ».

Ce titre manifeste assez bien la volonté du peintre de montrer la femme nue dans des attitudes intimistes, mais dénuées de toute poésie et de complaisance envers ce corps féminin tant idéalisé et porté au pinacle par des générations d’artistes.

Un peu dans le même esprit que Manet avec son « Olympia », les nus de Degas sont foncièrement anti-vénus , mais plus simplement des femmes surprises dans des occupations plutôt triviales et saisies « à travers le trou de la serrure » en quelque sorte, comme il l’indique lui-même.

Cette série de nus semble être la suite logique et parallèle de la grande série sur les danseuses de ballet, d’environ 130 œuvres réalisées antérieurement. C’est sans doute son coté d’introverti qui l’incite, après avoir décri les danseuses sous tous les angles, à déshabiller la femme sans vergogne et sans aucune condescendance, mais de manière lucide et sincère.

 

Dans « «la toilette » l’attitude du sujet est relativement sobre, le peintre saisissant la posture de la femme se faisant coiffer à la manière d’un instantané photographique ; le classicisme est encore apparent dans cette composition où les couleurs l’emportent sur la rigueur de l’analyse graphique.

 

Ce corps aux formes denses mises en relief par le jeu des mains posées sur les hanches, irradie de sa couleur nacrée opposé au ton doré du canapé et au blanc du peignoir et du tablier, dans une remarquable harmonie.

 

Il est également évident que Degas semble fasciné par cette longue chevelure, qui sans aucun doute porte de prétexte au tableau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 


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