JOAN  MIRO   (1893  -  1983)

 

        -« NU AU MIROIR »     (1919)       113x102 cm.

 

    Kunstsammlung Nurdrhein-Westfalen  -  Düsseldorf

 

Né en Catalogne, lieu qui exercera toute au long de sa vie une influence privilégiée sur son inspiration, Miro a acquis une importante renommée mondiale.

Il a pendant de nombreuse années partagé son temps entre son Espagne natale et Paris, mais il a aussi travaillé aux États-unis où il remporte un vif succès.

Son oeuvre, d’une très grande diversité, se caractérise par une originalité très spontanée au service d’une imagination débordante ; il a traversé divers courants, dont le surréalisme où son style va s’épanouir à merveille.

Il se consacre également avec tout autant de réussite à d’autres techniques plastiques telles que la lithographie et la céramique.

Arrivant à Paris pour la première fois en 1919 il ne manque pas de faire aussitôt connaissance avec Picasso, qui en est déjà à la fin de sa période cubiste, initiée par Braque  quelques années auparavant.

 

 C’est l’année où Miro réalise son « Nu au miroir » ; on peut aisément constater que l’influence du cubisme ne manque pas alors de faire une apparition fugitive.

 

Même si cette oeuvre n’est pas fondamentalement très représentative du style consacré de Miro, elle n’en demeure pas moins intéressante, car en tant qu’oeuvre de jeunesse de l’artiste elle en est une pièce charnière annonciatrice de la dislocation que l’artiste va par la suite mettre en œuvre.

 

Miro est encore partagé dans ce tableau entre la réalité et son imagination, c’est ainsi qu’il dépouille ce nu féminin avec une application farouche, les formes communément arrondies de la femme semblant être taillées à la serpe !

 

Le nom Miro a pour effet d’évoquer le mot : mirer ; et c’est tout à fait ce que le peintre fait surgir dans cette toile, où cette femme brossée sans la moindre complaisance, n’en est pas moins en train de se contempler dans un miroir.

 

Il s’agit d’une composition finalement très expressionniste où l’hommage à la femme est parfaitement respecté ; le regard quelque peu hautain est empreint d’une fierté somme toute très ibérique, caractéristique également évoquée dans l’espace coloré de l’intérieur où se situe la scène.

Mais tout ceci n’est sans doute qu’illusion puisque Miro, personnage souvent qualifié de « carnaval d’Arlequin », allait complètement abandonner ce style de peinture au profit de célébrations beaucoup plus abstraites à caractère ludique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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