GUSTAV-ADOLF   MOSSA    (1883  -  1971)

 

        -« ELLE »      (1905)     80x63 cm.

 

        Musée ,Alexis et Gustav Mossa  -   Nice

 

Ainsi qu’il avait l’habitude de l’indiquer en latin après sa signature sur chacune de ses toiles : « NICIENSIS PIXIT »  Mossa était un peintre niçois ; son œuvre à caractère fortement symbolique a été découverte dans les années 70 à l’occasion de la réhabilitation du symbolisme dans l’histoire de l’art.

Seule d’ailleurs une période relativement courte de sa carrière est elle digne d’intérêt, une quinzaine d’années environ, de 1903 à 1917, compte tenu du fait qu’à partir de la première guerre mondiale, devenu très célèbre sur le plan local, Mossa allait alors se consacrer essentiellement à l’illustration.

Pendant sa période la plus féconde, son œuvre symboliste manifeste une puissance étonnante notamment dans la représentation des mythes antiques, parfois teintés de couleur locale où les références carnavalesques sont souvent évoquées.

Comme il se doit, la femme fait partie de l’un de ses thèmes favoris, le peintre exprime alors la hantise qui l’envahit face à cette créature obsédante qu’il semble avoir beaucoup de mal à maîtriser.

 

Dans « Elle », (sous entendu : ce démon !), il expose la femme telle une perverse castratrice, juchée sur un monceau d’hommes miniaturisés, qu’elle a manifestement annihilés et anéantis.

 

Il s’agit alors d’une « Baby-doll » conquérante et triomphatrice, aux charmes largement amplifiés, qui semble régner sur un microcosme, que nous propose Mossa, et contre qui il semble vouloir nous mettre en garde par la même occasion.

 

« Elle » arbore de manière ostentatoire un collier paré de trois fétiches, symboles de domination sous-jacent.

 

 Les pulsions frénétiques du peintres apparaissent assez singulièrement orientées du coté de la mort dans cette « Elle » sanguinaire, tigresse dévoreuse d’hommes ; ne port elle pas sur la tête tous les symboles morbides : les corbeaux maléfiques aux trois têtes de mort. Sa détermination est d’ailleurs mise en évidence par la citation latine ne laissant aucune équivoque, mentionnée sur la coiffe « Hoc volo sic jubeo – sir pro ratione voluntas » qui se traduit par : « « Je le veux, je l’ordonne – que ma volonté tienne lieu de raison ». Vers de Juvénal, qui met ces mots dans la bouche d’une femme tyrannique, (Satires, VI, 223).

 

Mossa semble-t-il envisager un espoir, lorsqu’il fait apparaître un chaton entre les cuisses de son héroïne, symbole de fertilité ou plutôt objet de convoitise à éviter ?

 

La question pourrait être exprimée ainsi :

Le démon est il situé dans l’homme incapable de résister aux charmes de la femme, ou bien est-il situé dans la femme qui attire l’homme à elle pour mieux le dominer ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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