EUGÈNE  DELACROIX    (1798 – 1863)

 

        -« NU ASSIS »    (1820/1824)    81x65 cm.

 

        Musée du Louvre  -   Paris

 

Chef de file de l’école romantique française, Delacroix caractérise l’anti-académisme par sa technique de coloriste, en opposition totale avec l’école néo-classique menée par Ingres, qui d’ailleurs supportait assez mal son rival.

La personnalité complexe de Delacroix s’avère souvent mystérieuse et double ; il est orphelin de père très tôt et orphelin de mère au seuil de l’adolescence, il ne se mariera pas, et malgré plusieurs aventures amoureuses on lui attribuera la réputation très exagérée du plus chaste des peintres.

C’est néanmoins un personnage réservé et prudent, qui dans la société abordait volontiers un masque impassible ; il peignait toujours habillé de manière élégante proche du dandysme, qu’il avait eu l’occasion d’apprécier lors d’un séjour en Angleterre.

C’est dans sa peinture que vont pouvoir s’exprimer les passions et les ardeurs qu’il tente de dissimuler, Baudelaire l’a d’ailleurs résumé ainsi : « Delacroix avait fait de la peinture son unique maîtresse, sa seule et suffisante volupté. ». (L’œuvre et la vie d’Eugène Delacroix).

Il a de la sorte consacrée toute son énergie et ses pulsions aux réalisations de nombreuses et grandes compositions aux thèmes variés, où apparaît parfois une atmosphère d’orientalisme qu’il affectionnait particulièrement.

Il exalte ses passions dans des travaux gigantesques de peinture décoratives au Louvre et au Luxembourg. Il a aussi été l’auteur de nombreuses peintures de chevalet où le nu féminin n’en est pas absent ; dans les premières années de sa carrière il réalise plusieurs tableaux d’après Melle. Rose, l’une de ses modèles d’atelier favori qui semblerait avoir aussi été sa maîtresse.

 

En dehors du coté relativement académique de la pose dans cette étude de nu, celui-ci apparaît singulièrement dépourvu de volupté malgré une forte charnelité, mais il s’agit sans aucun doute plus de l’aspect charnel maternel de la femme que le peintre semble vouloir mettre ici en exergue ; peut être celui de la mère disparue depuis quelques années seulement était il encore présent dans son inspiration ?

 

Le sein maternel, ainsi inconsciemment présent à l’esprit, l’attention de Delacroix se serait alors focalisé sur cette poitrine généreuse qui apparaît au premier plan de la composition crevant la toile, le reste du corps restant dans une position plutôt figée.

 

Ce « nu assis » se distingue aussi particulièrement par la palette du peintre et la technique de la touche qui esquisse l’amorce d’une certaine modernité, ouvrant ainsi la voie à L’impressionnisme.

 

Il est d’ailleurs caractéristique de constater que cette fixation de Delacroix sur la poitrine féminine s’est également exprimée dans plusieurs autre de ses œuvres, notamment dans l’un de ses tableaux les plus célèbres : « La liberté guidant le peuple » de 1830, où la liberté sous les traits d’une femme aux gorges largement déployées symbolise la mère patrie.

 

 

 

                                                                                                                               

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

            


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