GEORGES ROUAULT (1871 - 1958)
-« NU SE COIFFANT » (1906) 71x55 cm.
Musée d’art Moderne de la ville de Paris
Bien que nourri au berceau du fauvisme, alors qu’il était au coté de Matisse et Marquet l’élève de G. Moreau à l’École des Beaux-Arts, Rouault est resté relativement marginal de ce mouvement de peinture du début du XX° siècle.
Il devient profondément religieux à la mort de Moreau au point d’envisager un moment de rentrer dans les ordres ; cela aura une importance prédominante sur son œuvre au même titre que l’influence que va exercer la peinture de Cézanne qu’il découvre alors.
C’est avec un esprit critique de la société bourgeoise, considérant qu’elle sacrifie lâchement la dignité humaine pour assouvir ses plaisirs, qu’il va traiter le thème de la prostitution.
Et pour ce faire il ne va pas hésiter à exhiber la prostitution des bordels de l’époque dans leur réalité pathétique, il s’agit là d’une première dans l’histoire de la peinture.
Il est intéressant de noter que contrairement à Toulouse-Lautrec, Rouault n’aurait pas fréquenté les maisons closes de manière assidue, il n’en avait même pas les moyens ; mais les filles faisant le trottoir à proximité de l’atelier où il travaillait avec quelques élèves peintres, y étaient invitées pour s’y reposer et se réchauffer.
C’est dans ces conditions que Rouault a ainsi réalisé plusieurs de ses nus féminins les plus spectaculaires.
Dans son « Nu se coiffant » il jette à la face du spectateur la nudité sordide des masses de chair, et le regard hagard de la fille de joie esquissant malgré tout le geste éternellement féminin de se coiffer.
C’est un peu le caractère existentiel de la prostitué qui est ainsi évoqué de manière très émouvante.
L’artiste va jusqu’a utiliser une pose parfaitement inédite et une perspective du nu féminin ayant pour objet principal d’exposer le sexe, alors que jusqu’alors les peintres s’étaient généralement limiter à ne révéler que le « mont de Vénus" de la femme.
A première vue, de nature plutôt lubrique et à la limite de l’obscène, ce portait n’est au demeurant qu’une évocation profondément humaniste de la condition humaine.