PABLO RUIZ PICASSO (1881 - 1973)
-« NU ASSIS » (1905) 106x76 cm.
Musée Picasso - Paris
Picasso est cité dans le Livre des Records Guinness comme le peintre ayant réalisé le plus grand nombre d’œuvres, avec environ 13 500 peintures et dessins, au cours d’une longue vie de plus de 92 ans.
Par ailleurs chacun sait bien le rôle tenu par les femmes tout au long de son existence, au point qu’il a même été surnommé le « Barbe Bleue » de la peinture !
Sa vie et sa carrière se sont ordonnées en plusieurs cycles et phases, qui dans l’ensemble correspondent d’assez près aux sept femmes principales qu’il a rencontrées, aimées, et avec lesquelles il a vécu.
Chacune de ces femmes, qui vont passer dans la vie du maître, vont faire effet de muse inspiratrice et de catalyseur dans son œuvre, qui par ailleurs subit les autres influences externes au fur et à mesure des découvertes qu’il fait, telle notamment la peinture de Cézanne lorsqu’il arrive à Paris, ou bien encore les masques primitifs de l’art africain.
L’intérêt de son œuvre réside également dans la variété des formes, des styles et des techniques qu’elle revêt, qui exprime les recherches que Picasso n’a cessé d’entreprendre dans le domaine pictural.
La phase précubiste correspondante à ses premiers séjours à Paris où il s’installe au Bateau-lavoir en 1904, se partage entre la « période bleue » et par la suite « la période rose », sous le signe d’une certaine forme d’expressionnisme le plus souvent émacié.
C’est aussi l’époque où il rencontre le premier grand amour de sa vie en la personne de Fernande Olivier, avec laquelle il aura une liaison qui devait durer huit ans, jusqu’en 1912.
Les forts désirs d’embourgeoisement de Fernande vont venir cependant entraver sa démarche « d’Arlequin » de la Commedia dell’arte, ainsi que son instinct profondément donjuanesque.
Après l’avoir dévorée et usée il la quittera pour Éva, sa seconde compagne.
Le « Nu assis est une œuvre charnière de la période bleue à période rose. Le fond sur lequel le tableau est brossé fait apparaître la mutation qui est en train de s’opérer chez le peintre, avec ce dégradé où le bleu est encore omniprésent mais commence à s’estomper pour donner naissance à d’autres nuances.
Daté de 1905, et par conséquent du début de sa liaison avec Fernande qu’il a rencontré à l’automne 1904, ce tableau est néanmoins considéré comme le portrait d’une autre compagne éphémère du moment, Madeleine qu’il aurait connu avant Fernande.
Le nu est placé sur ce fond estompé et la silhouette n’est que suggérée par un habile jeu de couleurs, faisant ainsi apparaître un expressionnisme en pleine recherche de style au seuil de la mutation picturale de l’artiste.
La nostalgie exprimée dans le regard ne manque pas d’ambiguïté et semble vouloir mettre en exergue la solitude intérieure du personnage plus que ses atours.
Picasso traduit ainsi des émotions profondes, dans ce nu totalement dénué du moindre érotisme, et dont l’ombre se profile au fond de la toile, comme vraisemblablement dans l’esprit du peintre.