SALVADOR DALI (1904 - 1989)
-« LÉDA ATOMICA » (1949) 60x44 cm.
Theatre-Museu Dali - Figueras
Salvador Dali ou « Avida Dollars » selon l’anagramme consacré d’Auguste Breton, qui dans le cadre du mouvement surréaliste lui reprochera son manque d’étique politico économique, a accompli une carrière particulièrement controversée qu’il s’est plu à théâtraliser par ses outrances médiatiques.
Dés son enfance en Catalogne il se comporte déjà de manière hypernerveuse, et va évoluer vers des comportements de type hystérique caractéristiques d’un sujet craignant de devenir paranoïaque.
Heureusement il va rencontrer « l’Amour fou » de sa vie en la personne de Gala, la femme de Paul Eluard, alors qu’il les avait invités tous deux chez lui à Cadaqués avec le couple Magritte.
Gala va devenir sa compagne, la femme qui le libérera de beaucoup des incertitudes, et sera le catalyseur primordial de son inspiration dans toute son œuvre. Il là situe lui-même ainsi : « Gala ma femme que j’ai eu le bonheur miraculeux de choisir ! ».
De manière très élaborée, il projette dans ses toiles son onirisme débordant, donnant ainsi lieu à des compositions délirantes où explosent les fantasmes daliniens.
Par ailleurs son désir de se placer à l’avant-garde contre l’avant-garde afin de mieux court-circuiter la dite avant-garde, positionne sa peinture le plus souvent à contre courant des tendances du moment, la rendant également hors rationnel.
C’est ainsi que vers les années cinquante il devient très critique envers les peintres abstraits : « Ils peignent avec de la merde… sans que s’en mêle en rien leur cœur ou leur âme ! » (Extrait de cinquante secrets magiques).
Il s’engage alors vers un retour à un style plutôt hyper académique où il traduit ses hallucinations avec une technique qu’il qualifie lui-même de « peinture nucléaire » ou « atomique ». La première bombe atomique d’Hiroshima n’est pas si loin, et il exploite l’évènement à sa façon.
C’est alors qu’il réalise la « Léda atomica » de 1949, œuvre de fusion par excellence, associant les mythes qui hantent son imagination.
Il s’agit bien évidemment d’un portrait de Gala sous une forme plastique hyper classique, tant dans la technique picturale que dans la pose.
Les couleurs glacées et acides de la composition rendent le nu plutôt froid.
Dali s’est représenté dans Zeus métamorphosé en cygne, dans la grande tradition classico mythologique ; manifestement il se délecte à se pavaner irrésistiblement à la grande admiration de Léda/Gala qui lui caresse délicatement la tête.
Ainsi au grand mythomane qu’il est, il ne manque pas d’entretenir sa réputation personnelle au passage.
Il réalise ainsi l’image du couple dans lequel il n’hésite pas à placer Gala sur un piédestal, l’ensemble flottant allègrement dans l’espace sans que rien ne semble pouvoir les atteindre, pas même l’apocalypse !
Dali commence cette toile ainsi : « La Léda atomica est le tableau clef de notre vie. Tout y est suspendu dans l’espace sans que rien ne touche rien. La mort elle-même s’élève à distance de la terre ». (R. Deschanes. Dali de Gala).
Paradoxalement, Léda sous les traits de Gala n’exalte aucune sensualité, ce qui contraste singulièrement avec le coté érotico provocateur omniprésent dans beaucoup de ses oeuvres.
Mais une fois de plus tout ceci est parfaitement délibéré et ne constitue rien d’autre qu’une provocation supplémentaire, car comme disait volontiers Dali : « La différence entre un fou et moi, c’est que moi je ne suis pas fou ! ».