FRANSISCO De GOYA Y LUCIENTES    (1746 – 1828)

 

        -« LA MAJA NUE »  (circa. 1803/1806)

 

        Musée du Prado  -  Madrid

 

 

« La  Maja Desnuda » est en fait pratiquement indissociable de l’autre oeuvre de Goya : « La Maja Vestida », puisqu’en dehors du fait qu’il est généralement admis qu’elles aient été peintes ensemble, le mystère et le scandale qui les a le plus souvent entouré ne font qu’un !

 

                          

 

La date à laquelle elles ont été réalisées reste encore assez incertaine, mais il semblerait bien qu’elles aient été exécutées à l’apogée de la carrière de portraitiste de Goya, alors qu’il était devenu sourd depuis quelques années suite à une grave maladie ; enfin et surtout très probablement quelques temps après la mort de la célèbre et très belle duchesse d’Albe pour qui Goya éprouvait une passion secrète, qu’il exprima dans plusieurs portraits de grande qualité.

La grande question a par conséquent été de savoir si ces deux « Maja » étaient réellement des portraits de la duchesse ; cette hypothèse a cependant été écartée par de nombreux critiques d’art qui sont d’accord pour affirmer qu’il n’y a aucune ressemblance physique entre les autres portraits de la duchesse et les « Maja » ; ce qui pourrait paraître logique de toute manière, il est en effet peu probable que Goya ait souhaité dévoiler ainsi l’intimité de celle qu’il aimait profondément.

 

                                                           

 

Une autre légende voudrait que ces deux toiles étaient installées avec un dispositif permettant de les substituer l’une à l’autre à volonté et au gré du spectateur ; ce qui est sur c’est qu’elles ont appartenues au Premier Ministre qualifié de « Prince de la Paix » de l’époque, Manuel Godoy, favori et amant de la reine, chez qui elles furent saisies en compagnie de la « Vénus au Miroir » de Vélasquez, après sa disgrâce et destitution.

Il est par conséquent possible que Goya ait pu peindre la « Maja » sous la protection du Godoy, car un plus tard l’Inquisition alors rétablie, ne manquera pas de lui reprocher d’avoir représenté une femme ‘d’aspect indécent » !

Cette jeune fille nue, puisque tel est le titre du tableau, de type ibérique assez prononcé apparaît avec une certaine mollesse, mais ne manque cependant pas d’intensité ; elle s’exhibe sans aucune retenue au regard et pourrait même paraître lascive dans sa sensualité ainsi exposée défiant le spectateur, auquel il était peut-être convenant de substituer alors la « Maja vêtue » ou vice versa, selon l’humeur ou la personnalité de ce dernier ?

En dehors de toute polémique, ce nu quelque peu mythique et de style relativement académique est une œuvre parfaitement goyesque, en ce sens qu’elle représente sa conception de la beauté féminin enveloppées d’un halo énigmatique.

Il est intéressant de noter que les deux «Maja » de Goya et la « Vénus » de Vélasquez se soient de nouveau retrouvées réunies après plus de 180 années de séparation, à l’occasion d’une exposition exceptionnelle en juin 1990 à la National Gallery de Londres ; gageons que pendant ces quelques semaines de retrouvaille elles ne manquèrent pas d’évoquer entre elles quelques bons souvenirs d’antan ……..

 

                                 


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