GUSTAVE COURBET (1819 – 1877)
-« L’ORIGINE DU MONDE » (1866) 46x55 cm.
-« LE SOMMEIL » (1866) 135x200 cm
Musée d’Orsay - Paris
Fortement controversé par la nature le plus souvent scabreuse des sujets qu’il choisit de représenter ainsi que de l’audace scandaleuse pour l’époque de ses nus, Courbet, grand maître du mouvement réaliste, a fait l’objet de maintes polémiques sur le plan artistique, ses œuvres ayant souvent été refusées à plusieurs salons.
Il ne fut pas non plus épargné sur le plan politique puisque, finalement parvenu au sommet de la notoriété, il fut condamné à un pénible exil en Suisse où il restera jusqu’à la fin de sa vie, suite à une implication, d’ailleurs sans fondement réel, lors du renversement de la colonne Vendôme à l’occasion des émeutes sanglantes pendant la Commune de Paris en 1871.
Tout au long de sa vie il semble avoir été victime de sa propre intolérance et de son mépris des conventions.
Il est vrai qu’il s’est souvent délecter à pousser à l’extrême le seuil de la décence dans plusieurs de ses peinture de nus féminins ; sans doute autant pour choquer la critique que par esprit de provocation en général.
Il a ainsi peint pour un diplomate turc : « L’origine du monde », qui n’est rien moins qu’une vue en gros plan rapproché, hautement réaliste, du sexe d’une femme aux cuisses écartées dont le reste du corps apparaît à peine dans la toile ;
chacun pourra apprécier selon ses propres critères.
Ce même collectionneur, grand amateur d’art érotique, qui avait par ailleurs acquis « Le bain turc d’Ingres », lui commanda également « Le sommeil », toile de grande dimension au sujet d’une hardiesse audacieuse et d’un suggestivité à la limite de la luxure à l’époque.
Cette oeuvre qui date de la période « voluptueuse » de Courbet n’est d’ailleurs visible au public que depuis 1953, lorsqu’elle est sortie des collections privées successives.
Il parait évident que Courbet s’est dépassé dans cette composition ou la volupté qui s’en dégage va de pair avec l’intensité expressive avec laquelle le peintre transpose sur la toile un sujet d’un érotisme brûlant sans l’ombre de la moindre vulgarité.
Courbet a manifestement souhaité aller encore plus loin que dans l’un de ses tableaux précédents : « Le réveil » - Vénus persécute Psyché avec son perroquet », jugé inconvenant et refusé au Salon de 1864 : toile qui fut d’ailleurs détruite pendant les bombardements de Berlin en 1945.
Il est d’autre part très intéressant de constater que « Le sommeil » porte plusieurs titres, tant l’ambiguïté sur la raison profonde ayant poussé Courbet à choisir un tel sujet est apparente ; il a ainsi été nommé : « Paresse et luxure », « Les deux amies » et aussi « Les dormeuses ».
Cette débauche de luxure pourrait en fait aussi bien être une forme de critique et de dénonciation des mœurs, alors plutôt dépravés, qui régnaient alors sous le second Empire, que par ailleurs Courbet détestait. Il refusa ainsi un peu plus tard la légion d’honneur offerte par le gouvernement impérial, fidèle à sa tradition d’inconditionnel et d’anticonformiste !
En dehors de cette charnelité un peu excessive ainsi proposé, les deux visages des deux femmes sont d’un intensité étonnante, en effet si la femme au premier plan semble exprimer la sérénité du sommeil, la femme rousse au second plan vibre ici d’un plaisir manifeste très intense !
En mai 2014, l'artiste Luxembourgeoise Deborah De Robertis a réalisé une installation particulièrement audacieuse au Musée d'Orsay devant le tableau "L"origine du Monde", en relevant sa jupe puis s'accroupissant devant le tableau et exhibant son sexe les jambes écartées à la vue du public, elle en remporta d'ailleurs un certain succès !!!! (Ce qui lui valu d'être expulsée et dirigée vers le poste de police le plus proche....).
Ce magistral tableau à défaut d'une messe valait bien un "happening".........
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