BALTHAZAR KLOSSOWSKI de ROLA

            Dit  BALTHUS     (1908  -  2001)

 

        -« NU AU REPOS »     (1977)      200x150cm.

 

        Collection privée (Claude Bernard) - Paris

 

On ne connaît pas grand-chose de ce peintre contemporain qui se singularise par une personnalité réservée et secrète ; il s’était retiré dans le canton de Vaud en Suisse évitant tout contact médiatique, et ayant réalisé une œuvre somme toute relativement restreinte en quantité.

Il semble avoir été marqué par deux références fondamentales, tout d’abord Piero della Francesca et ses fresques de la légende de la croix en l’église San Francesco d'Arezzo, qui l’ont absolument ébloui, mais aussi par Derain qu’il a connu personnellement dans sa jeunesse.

Balthus se situe en quelque sorte à la croisée des chemins de la peinture contemporaine ; rejetant l’abstraction par un rappel à l’ordre de la tradition, avec un style néoréaliste dépourvu d’académisme et parfois proche de la peinture naïve pas son aspect candide, dans des tableaux le plus souvent longuement élaborés.

Les jeunes filles de Balthus sont célèbres et traduisent bien une certaine forme d’obsession pour ce sujet, qu’il traite avec un érotisme intimiste sensiblement voilé, un peu à la manière de David Hamilton qui a tant utilisé un procédé similaire dans la photographie.

 

 

Le « Nu au repos » a été réalisé à Rome à la Villa Médicis dont Malraux lui avait confié la direction, il représente la fille d’un employé de ce haut lieu de l’académisme.

 

C’est un peu la pulsion « tranquille » du peintre qui est ici reproduite, avec ce nu d’adolescente endormie, dans le confort sécurisant d’un fauteuil adroitement surélevé par rapport au plan du tableau.

 

Ce positionnement est remarquable en ce sens qu’il permet ainsi au peintre de placer le sexe du nu, objet évident de son obsessionalité et de sa convoitise mal dissimulée, au centre parfait et symétrique de la toile pour évidemment mieux le mettre en valeur.

 

En outre la jambe croisée et repliée permet d’accentuer la perspective ainsi proposée, ce qui a pour effet de contraster singulièrement avec la candeur évidente de la jeune fille aux épaules pudiquement recouvertes, et plongée dans un sommeil serein et apaisé.

 

Il s’avère à propos d’ajouter que Balthus a dit un jour :

« Je n’ai jamais peint que des anges. » !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

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