TIZIANO VECELLIO  dit  Le TITIEN  (1488 – 1576)

 

    -« VÉNUS ANADYOMÉNE »  (1520)   74x58 cm.

    National Gallery of Scotland – Edinburgh.

 

L’élève de Giorgione est devenu sans conteste le grand Maestro italien du nu féminin, parvenant, grâce à une amplification des thèmes et du style, à largement dépasser son maître.

 

Titien dont la technique va donner naissance à la grande controverse entre les coloristes adeptes de la couleur et les peintre dessinateurs adeptes du trait, est aussi parvenu à imposer l’école vénitienne avec une image plus floue à la peinture florentine, mais laissant filtrer la lumière dans une vue de synthèse.

                                                                                                                                                                   

La «Vénus Anadyomène » de 1520 est une reprise du thème grec classique déjà évoqué par Botticelli, mais cependant démunie du geste « pudica », les mains étant plutôt occupées à arranger la coiffure dans un geste très féminin, permettant de la sorte au peintre d’exposer une nudité intégrale aux formes nettement plus accusées, plus modelées et surtout plus amplifiées que ce qui avait été proposé auparavant, mais avec le coquillage toujours présent dans des dimensions cependant largement réduites et ainsi relégué au second plan.

Cette œuvre conserve néanmoins encore un certain classicisme.

 

 

 

-« VÉNUS D’URBINO »  (1538)   165x195 cm. 

Galerie des Offices – Florence

          

 Par la suite et sans doute en hommage à son maître, Titien s’inspirant de la « Vénus endormie » de Giorgione, a réalisé dans une position pratiquement similaire à cette dernière la célèbre « Vénus d’Urbino », qui bien que située dans un cadre d’intérieur, est elle paradoxalement parfaitement éveillée, et qui tout en maintenant le geste « pudica » de la main, n’en exprime pas moins un certain coté lascif.

Cette Vénus nous fait définitivement sortir de l’antiquité pour nous faire rejoindre de plein pied dans une nouvelle forme d’expression contemporaine, en l’occurrence celle de la Renaissance, car en dépit de sa nudité, son regard nous confronte sans aucune marque d’inhibition pudique.

Il est aussi intéressant d’observer que pour la première fois un peintre se permet de ne plus faire directement appel à une thème d’ordre mythologique ou biblique pour exposer le corps nu féminin ; Titien propose plus prosaïquement la quintessence de l’esthétique féminine dans sa forme la plus naturelle, la plus pure, la plus belle, et la plus épanouie.

En outre elle apparaît dans toute son intimité, le coquillage traditionnel ayant disparu pour se métamorphoser en animal familier comme dans un cycle d’évolution darwinien. Cette iconographie du petit chien accompagnant le nu est souvent interprétée de deux manières : soit comme symbole de fidélité, soit comme animal libidineux ; cette ambiguïté symbolique apparaîtra dans les deux nus suivants de Titien, et sera également reprise par la suite au cours des siècles par de nombreux autre artistes peintres.

L’intensité profonde de l’œuvre est parachevée par le superbe coucher de soleil incandescent dans l’embrasure de la fenêtre, qui enflamme encore un peu plus les sens.

Cette Vénus semble avoir fait école, puisqu’il n’en existe pas moins de douze répliques connues et dûment conservées.

 


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