PIERRE-PAUL RUBENS (1577 – 1640)
-« LA TOILETTE DE VÉNUS » (circa. 1613) 221x98 cm.
Collection Liechtenstein - Vaduz
Désigné à juste titre le « Homère de la peinture » par Delacroix, Rubens a principalement été le créateur du Baroque en peinture, désignation dont l’étymologie est révélatrice puisque d’origine portugaise (baroco) elle signifie : perle de forme irrégulière.
Ce géant de la peinture flamande va donc rechercher et élaborer un style irrégulièrement inaccoutumé qui s’écarte de la peinture de la Renaissance classique.
Son génie va d’ailleurs vraiment se révéler à son retour d’Italie après un séjour d’environ huit ans, où il eu tout loisir d’étudier tous les grands maîtres italiens ; c’est alors que va débuter sa prodigieuse carrière, qui se traduira par une production des plus abondante.
Grand admirateur de Titien, comme ce dernier il multipliera les nus féminins dans ses peintures, pour devenir finalement le grand maître du « Nu baroque »
« La toilette de Vénus » est une œuvre de
jeunesse, il a alors environ 36 ans, qu’il a
réalisé quelques années seulement après
son retour d’Italie ; le sujet en est
emprunté à Titien dont le même tableau
est conservé à la National Gallery de
Washington.
La configuration de ce nu est remarquable,
car contrairement à Titien, Rubens
retourne le personnage principal, Vénus
offrant ainsi une vue de dos innovatrice et
singulière pour l’époque, que le peintre
exploite avidement, avec un modelé de la
chute de reins, des fesses et de la cuisse
saisissant dans leur sensualité ; enfin il
ajoute à la scène une dimension
supplémentaire en composant un autre tableau à l’intérieur du tableau, par l’effet de miroir.
Brillant coloriste, Rubens s’exprime pleinement dans cette œuvre toute en contraste,
dont les teintes subtiles mettent particulièrement en valeur les formes et les rondeurs de la chair de ce nu à
l’amplitude plantureuse.