WILLIAM ETTY (1787 – 1849)
-« NU DEBOUT » (1835/1840) 102x65 cm.
Tate collection - Londres
L’école de peinture anglaise comme l’école espagnole n’a pas été très prolifique dans le domaine de la représentation du nu féminin, quoique les raisons n’en soient pas précisément les mêmes.
En effet si les peintes espagnols ont été manifestement très influencés par l’église catholique qui régentait et sévissait en Espagne avec notamment l’Inquisition, les peintre anglais ont eux subi l’influence d’un puritanisme anglo-saxon souvent hypocrite, qui parvint à son apogée sous le règne de la reine Victoria au XIX° siècle, et qui était de mode plus souvent par snobisme que par doctrine fondamentale.
Dans ce contexte Etty, dont la carrière se situe dans la première moitié du XIX° siècle et par conséquent au début du règne de Victoria, fait figure d’extravagant ; en effet son zèle dans la réalisation de nus féminins n’a aucun équivalent dans la peinture anglaise.
Et comme on pourrait s’attendre, il ne fut pas ménagé par la critique bien pensante qui n’hésita pas à qualifier ses « déesses de « vulgaires femmes de chambre » ; la hardiesse de certains de ses nus ayant profondément choqué la pruderie de l’époque.
Le « Nu debout » de la Tate collection ne manque d’ailleurs pas d’audace dans sa réalisation, Etty parvenant parfaitement à rendre le modelé de la chair de cette jeune femme dans tout son érotisme, sans la moindre forme de vulgarité.
N’évoquerait-elle pas ainsi par sa sensualité, l’héroïne du célèbre roman érotique de John Cleland « Fanny Hill », qui fit grand scandale au XVIII° siècle, et que Etty ne pouvait pas ne pas connaître ?
Enfin les couleurs sont particulièrement chaleureuses et rehaussent avantageusement la chaleur exprimée dans ce nu, que le peintre évite volontairement de dénuder intégralement contrairement à son habitude, la laissant vêtue d’une légère parure ce qui a finalement pour effet d’en amplifier la sensualité.