PAUL  DELVAUX     (1897  -  1994)

 

    -« LA VOIX PUBLIQUE »    (1948)      152x254 cm.

 

        Musée d’Art Moderne   -   Bruxelles

 

En dehors de l'influence exercée par Magritte sur Delvaux, plusieurs autres points communs les apparentes.

Né en Belgique, Delvaux est de la même génération que MAGRITTE, il a suivi les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles à la même époque que lui.

Sa peinture a été récupérée par le mouvement surréaliste auquel il a évité d’être impliqué, même si une bonne partie de son œuvre n’en demeure pas moins de conception purement surréaliste.

Delvaux traite le thème de la femme dans une œuvre profondément onirique, qui ne manque pas d’évoquer le monde de ses propres fantasmes.

Il est poursuivi par plusieurs obsessions fondamentales qui doivent vraisemblablement toutes dater de son enfance.

La femme tout d’abord, à un point tel qu’elle devient son leitmotiv, il la représente le plus souvent nue ; Delvaux a réalisé très peu de tableau où elle est absente.

Il a subit une profonde influence de la part de sa mère, qui est allé jusqu’à s’opposer à son mariage à 23 ans avec une jeune fille dont il était tombé follement amoureux !

Il est également fortement obsédé par les chemins de fer qui avaient fait l’objet d’un de ses jeux favoris d’enfance, qui pourraient bien s’interpréter comme un symbole d’ordre phallique, idée que Delvaux a toujours fermement repoussée d’ailleurs.

 

                                  

 

« La voix publique » est une œuvre dont le titre au demeurant ne manque pas d’un certain humour à la Magritte, ne s’agit-il pas en effet d’une « cité de femmes », où celles-ci sont mise en scène sur la « voie » publique !

Delvaux a réalisé ce tableau peu de temps après sa rencontre fortuite avec son amour d’antan que lui avait refusé sa mère, et avec qui il va finalement refaire sa vie !

Il met en évidence la femme, objet évident de son désir, dans un environnement qu’il affectionne particulièrement : la ville.

Le cadre nocturne accentue le caractère un peu somnambulisme des « messagères », parée d’un grand nœud violet dans la chevelure qui les transforme en créatures angéliques.

Un tramway a été substitué au train habituel, et les rails sont détournés vers une direction qui ne lui permettra pas d’atteindre le grand nu qui demeure ainsi souverainement intouchable au premier plan.

Il se dégage de ce nu féminin, réalisé de manière exagérément réaliste doté d’un regard déterminé, une sensualité intense exprimée grâce à la pose, que Titien lui-même n’aurait vraisemblablement pas reniée ; chez Delvaux le corps féminin semble alors être le vecteur de l’extase.

Mais tout ceci ne constitue-t-il pas qu’une mise en scène purement théâtrale, ayant pour effet de faire apparaître l’odalisque de rêve envahie par le désir sexuel qui semble la dominer, insensible aux différentes manifestations qui l’entourent ?

                       

  


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