PIERRE BONNARD (1867 - 1947)
-« NU A CONTRE JOUR » (1908) 124x108 cm.
Musée royaux des Beaux-Arts - Bruxelles
Membre fondateur avec entre autres Maurice Denis, Vuillard et Sérusier du groupe des « NABIS » (prophètes en hébreu), dont la peinture avait pour objet de délivrer un message plutôt qu’une fonction purement représentative, Bonnard peut paraître un peu marginal dans ce mouvement compte tenu de son style particulier.
« Je ne suis d’aucune école » dira-t- il d’ailleurs.
Il a aussi affectionné la peinture de décoration qui lui a permis d’exprimer librement ses rêveries.
Ainsi à partie de 1900 le corps féminin lui inspire une série de photos de nus féminins de sa compagne Marthe son unique modèle, qui dévoile son penchant pour l’esthétique féminine ; mais les limites inhérentes de la photographie l’amène aussi à exercer son œil de peintre sur la toile plutôt que dans l’objectif.
Ainsi à partie de 1900 le corps féminin lui inspire une série de nus qui vont lui permettre de se livrer à un véritable paysagisme de la femme, chargé d’intimisme.
Le « Nu à contre jour » réalisé en 1908 en est l’une des illustrations la plus remarquable, où Marthe qui va plus tard devenir sa femme, est fixée sur la toile un peu à la manière d’un instantané photo.
La scène hautement intimiste surprend la femme se parfumant le corps à l’instant privilégié de ce rituel matinal dont la trivialité n’est finalement qu’apparente.
Le mouvement esquissé du corps tendu avec la poitrine en avant et fière portée par une cambrure de reins exposant les fesses du nu, met en évidence ce moment d’intimité et de sensualité où le liquide parfumé exalte les sens.
La volupté du moment est rehaussé par la lumière du matin qui illumine la scène, plaçant ainsi le dos du nu à contre jour, mais dont la face cachée est cependant partiellement révélée dans le miroir.
Cette toile ne manque pas d’évoquer sur le plan purement pictural une forme de synthèse entre Monet et Degas, le « tub » étant ici mentionné à titre de référence ; par ailleurs la vibration des couleurs est telle, que les sentiments qui animent Bonnard envers son modèle ne font évidement aucun doute.